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Ce dossier est révélateur de la pratique des élus en général.

Il faut se souvenir que Roger Quilliot avait subi en 1993 une défaite cinglante sur cette question. Il avait été contraint face à la mobilisation à renoncer à son projet d’implantation d’un incinérateur à la Combaude, dans les quartiers Nord de la ville.

Tout le monde avait pensé que l’affaire était terminée. C’était sans compter sur l’entêtement de certains élus et sur leur servilité devant les multinationales, leur puissance et leur argent.

Une tactique machiavélique.

Les élus ont analysé les raisons de la défaite de Roger Quilliot. Ils ont abouti à la conclusion que le Sénateur Maire de Clermont-Ferrand, décideur et responsable de cette implantation d’un incinérateur au coeur de Clermont, se trouvait de ce fait en première ligne face à la majorité de la population qui n’en voulait pas. En 1993, le Parti socialiste au pouvoir avait subi une défaite historique à l’occasion des élections législative à cause de sa gestion libérale des affaires de l’Etat et des attaques qu’elle avait nécessitées contre le peuple. Alors qu’avant le département du Puy de Dôme comptait cinq députés socialistes contre un député UDF, le résultat des élections de 1993 a été de six députés de droite sur le département. Une raclée monumentale. Même la circonscription de Clermont-Nord, traditionnellement acquise à la gauche, était tombée. Le vote avait donné une courte majorité au député UDF ; majorité probablement acquise à cause de la question de l’incinérateur. Nous pouvons penser en effet qu’au moins 2% des électeurs avaient voté pour le député de droite parce qu’il avait toujours pris position fermement contre l’incinérateur, alors que Maurice Pourchon, député PS sortant, s’était affiché pour son implantation. Ces 2% lui manquèrent pour conserver son siège.

En 1993, les élections municipales de 1995 avançaient à grand pas, et Roger Quilliot se trouvait être dans l’oeil du cyclone, en butte à la sanction du suffrage universel. C’était lui le décideur ; il avait donc la volonté d’imposer l’incinérateur à la population qui n’en voulait pas, et qui attendait impatiemment le vote de 1995 pour le sanctionner. D’autant que le futur candidat à la Mairie de Clermont n’était autre que M Valéry Giscard d’Estaing en personne et que celui-ci avait dit : « L’incinérateur est trop près des maisons ». Voilà pourquoi Roger Quilliot avait renoncé à ce projet.

Les élus en ont déduit qu’il fallait éloigner le plus possible les centres de décision de la population qui subirait leur décision. Ils inventèrent donc le VALTOM.

Le VALTOM fut constitué de façon totalement anti-démocratique pour avoir une efficacité redoutable. La création du VALTOM a permis que les décideurs ne soient pas à la portée de la sanction du suffrage universel, et donc du vote des citoyens auxquels ils allaient imposer l’incinérateur. Sur les 27 délégués du VALTOM, cinq seulement étaiant des élus de Clermont-
Communauté, et vingt-deux étaient des élus du reste du département. Pourtant la population de Clermont-Communauté représente la moitié de la population du département. Dans ces conditions il était facile aux élus de Clermont-Co d’expliquer que la décision ne venait pas d’eux.

Serge Godard et la majorité municipale étaient pour l’incinérateur à Clermont. Face à la mobilisation de la population ils changèrent d’avis en 2005. Il était déjà trop tard. La population de Clermont-Communauté sera exposée pendant des dizaines d’années aux pollutions de cette machine à brûler les déchets d’un autre siècle, alors qu’il existe des moyens très peu polluants et moins chers pour traiter les déchets. L’addition due par les contribuables par le paiement de la TEOM (Taxe d’enlèvement des ordures ménagères) sera majorée de 60% dès la mise en service de l’incinérateur.

Incinérateur hors la loi.

L’incinérateur n’aurait cependant pas dû voir le jour. En effet 5 ans après la DUP (Déclaration d’Utilité Publique) par le Préfet, les travaux de construction de l’incinérateur n’avaient pas commencés. Il y avait deux solutions : soit il fallait tout recommencer à zéro, soit la déclaration d’utilité publique était prorogée par le Préfet. Cela ne pouvait se faire qu’à condition qu’il n’y ait pas de modifications substantielles par rapport au projet initial. Le Préfet Stéfanini, familier des coups tordus (et par ailleurs des emplois fictifs de la Mairie de Paris…), décréta qu’’il n’y avait pas de modifications substantielles du dossier et prorogea la DUP.


Immédiatement, Clermont-Communauté fit appel de cette décision devant le Tribunal Administratif de Clermont. Celui-ci, aux ordres et le petit doigt sur la couture du pantalon, donna raison au Préfet malgré les évidences. On fit appel devant la Cour Administrative de Lyon. Cet appel n’étant pas suspensif, cela signifiait que les travaux pouvaient commencer. La Cour d’Appel de Lyon, complètement asphyxiée sous les dossiers, ne pouvait pas statuer avant deux ans. Les travaux furent menés à une vitesse record ; l’incinérateur sortit de terre de jour en jour. Au bout de deux ans la Cour d’Appel de Lyon rendit son jugement qui dit que, vu les modifications substantielles par rapport au projet d’origine (notamment le coût qui passait de 85 millions d’euros à 145 millions !), jamais le Préfet n’aurait dû proroger la DUP et que le dossier aurait dû être repris à zéro. Dans ces conditions, l’incinérateur n’aurait jamais dû sortir de terre. Il est construit et personne, sauf le Préfet, ne peut revenir sur la construction. Depuis, aucun des Préfets qui se sont succédé n’a voulu remettre en cause cette construction. Ainsi, en se mettant une nouvelle fois hors la loi, le Préfet Stéfanini a permis à la multinationale Suez Environnement d’arriver à ses fins et de faire un maximum d’argent en mettant en péril la santé des habitants de Clermont-Communauté.

Une fois de plus on voit que les intérêts des administrés passent après celui des industriels et des actionnaires. La position des élus qui au départ étaient pratiquement tous d’accord avec la construction de l’incinérateur a été déterminante dans ce scandale sanitaire et financier.

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